La robotisation transforme rapidement le paysage industriel français. Les robots, autrefois cantonnés aux grandes usines automobiles, investissent aujourd’hui tous les secteurs d’activité. Cette révolution technologique bouleverse l’organisation du travail et redéfinit les compétences nécessaires pour rester compétitif. Selon l’International Federation of Robotics, la France a installé plus de 6 700 nouveaux robots industriels en 2022, soit une augmentation de 8% par rapport à l’année précédente. Face à cette progression constante, la formation devient un enjeu stratégique majeur. Les entreprises doivent désormais accompagner leurs collaborateurs vers l’acquisition de nouvelles compétences. Comment structurer cette formation en robotisation ? Quelles sont les compétences essentielles à développer ? Cet article apporte des réponses concrètes aux responsables formation et dirigeants confrontés à ce défi majeur.
1. L’impact de la robotisation sur les compétences des salariés
La formation et robotisation représentent désormais un couple indissociable dans le paysage industriel moderne. L’automatisation des processus transforme en profondeur la nature même des emplois. Certaines tâches manuelles, répétitives et à faible valeur ajoutée disparaissent progressivement au profit des machines. Ce phénomène, loin d’être anecdotique, s’accélère dans de nombreux secteurs.
Le cas d’Accenture illustre parfaitement cette transformation. Le géant du conseil a automatisé 17 000 postes en remplaçant des tâches répétitives par des solutions robotiques. Toutefois, contrairement aux craintes initiales, l’entreprise n’a pas procédé à des licenciements massifs. Elle a plutôt redéployé ses collaborateurs vers des missions à plus forte valeur ajoutée, nécessitant créativité et intelligence émotionnelle – des qualités que les robots ne possèdent pas.
Dans le secteur de l’assurance, Fukoku Mutual Life Insurance au Japon a franchi un pas supplémentaire. L’entreprise a remplacé 34 employés par un système d’intelligence artificielle capable de traiter les réclamations d’assurance. Parallèlement, elle a créé de nouveaux postes dédiés à la supervision et à la maintenance de ces systèmes automatisés, exigeant des compétences hybrides alliant expertise technique et connaissance métier.
La formation en robotisation devient donc essentielle pour développer ces profils polyvalents capables de faire le lien entre technologie et applications métiers spécifiques.
2. Les nouvelles compétences à acquérir pour un environnement automatisé
Face à la robotisation croissante, les salariés doivent développer de nouvelles compétences techniques. La formation en robotisation devient alors un enjeu stratégique pour toute entreprise souhaitant rester compétitive. Le premier volet concerne la programmation et la maintenance des robots. Ces machines sophistiquées nécessitent un savoir-faire spécifique pour être exploitées efficacement.
ABCM, entreprise spécialisée en usinage, a parfaitement compris cet enjeu. La société a formé l’ensemble de ses collaborateurs à la programmation et à la maintenance robotique. Pour mettre en œuvre ce projet ambitieux, elle a fait appel à un intégrateur de robot qui l’a accompagnée tout au long du processus de modernisation. Grâce à cette démarche, ABCM a non seulement amélioré sa productivité, mais a également valorisé ses talents internes.
Au-delà de la programmation, l’utilisation des systèmes de contrôle et d’intelligence artificielle devient incontournable. Forvis Mazars, cabinet d’audit et de conseil, a déployé des outils d’IA pour ses 5 000 collaborateurs en France. Cette initiative s’est accompagnée d’un programme de formation spécifique, permettant aux salariés de maîtriser ces nouvelles technologies et de les intégrer dans leurs pratiques quotidiennes.
L’adaptabilité et la formation continue constituent désormais les clés de l’employabilité dans un environnement automatisé. Les professionnels doivent se montrer agiles et réceptifs aux changements technologiques pour évoluer avec leur secteur d’activité.
3. Les stratégies de formation pour accompagner cette transition
Les entreprises doivent mettre en place des stratégies claires pour faciliter la formation et robotisation de leurs équipes. Plusieurs approches complémentaires se dessinent aujourd’hui sur le marché.
Les formations internes et certifications spécialisées constituent une première solution efficace. Forvis Mazars illustre parfaitement cette démarche avec la création d’un programme interne dédié à l’intelligence artificielle. L’entreprise a développé un outil d’IA baptisé MAIA, accompagné d’un parcours de formation adapté aux besoins spécifiques de ses collaborateurs. Cette approche permet une personnalisation maximale et une adaptation aux enjeux métiers précis de l’organisation.
Les partenariats avec des écoles d’ingénieurs et organismes de formation offrent une alternative pertinente. ABCM collabore étroitement avec le Pôle formation Pays de la Loire pour former ses salariés en alternance. Cette collaboration permet aux collaborateurs d’acquérir des compétences techniques pointues tout en conservant un lien fort avec leur environnement professionnel. L’alternance facilite ainsi le transfert immédiat des connaissances vers le terrain.
La mise en place de parcours de reconversion professionnelle complète ces dispositifs. Face à la transformation de certains métiers, les entreprises doivent proposer des voies d’évolution à leurs collaborateurs. Ces parcours permettent aux salariés dont les postes sont menacés par la robotisation d’acquérir de nouvelles compétences et de se repositionner sur des fonctions à plus forte valeur ajoutée.
4. Exemples d’entreprises ayant réussi cette adaptation
Certaines entreprises ont transformé la formation et robotisation en véritables leviers de performance. Leurs expériences constituent des modèles inspirants pour les organisations en quête d’évolution.
ABCM a déployé un plan de transformation ambitieux depuis 2014. L’entreprise spécialisée en usinage a fait le choix stratégique d’éliminer les tâches sans valeur ajoutée pour ses salariés. La robotisation a permis de moderniser l’ensemble des processus de production. Les opérateurs, auparavant cantonnés à des manipulations répétitives, supervisent désormais des lignes automatisées. Cette évolution a nécessité un programme de formation structuré, avec l’aide d’un intégrateur de robot spécialisé. Les résultats sont éloquents : productivité accrue, conditions de travail améliorées et montée en compétences des équipes.
Forvis Mazars illustre une autre approche réussie avec l’intégration de l’intelligence artificielle dans ses pratiques professionnelles. Le cabinet a investi plus d’un million d’euros pour former ses collaborateurs aux outils d’IA comme Microsoft Copilot. Cette formation en robotisation a transformé radicalement les méthodes de travail. Les auditeurs et consultants se concentrent désormais sur des tâches à forte valeur ajoutée, tandis que l’IA traite les aspects plus répétitifs. Cette transition a permis d’améliorer la qualité des prestations tout en renforçant l’attractivité de l’entreprise auprès des jeunes talents.
Ces exemples démontrent qu’une stratégie de formation bien pensée transforme la robotisation en opportunité plutôt qu’en menace.
5. Conclusion
La formation et robotisation représentent aujourd’hui un défi majeur pour les entreprises industrielles. L’automatisation croissante transforme profondément les métiers et exige une adaptation rapide des compétences. Les organisations doivent anticiper ces évolutions pour maintenir leur compétitivité sur un marché en constante mutation.
L’engagement dans la formation continue devient un facteur clé de succès. Les entreprises performantes investissent massivement dans le développement des compétences de leurs collaborateurs. Elles créent des parcours personnalisés, combinent formations internes et externes, et accompagnent les reconversions professionnelles.
L’avenir des emplois dans un monde robotisé s’annonce prometteur pour ceux qui sauront s’adapter. Loin des scénarios catastrophes souvent évoqués, la robotisation crée de nouvelles opportunités professionnelles. Elle libère les humains des tâches répétitives pour leur permettre de se concentrer sur des activités à plus forte valeur ajoutée, mobilisant créativité et intelligence émotionnelle.
Les organisations qui réussiront cette transition technologique seront celles qui placeront l’humain au cœur de leur stratégie de transformation.